Intervention au forum faire gagner la démocratie en 2022

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Quitterie de Villepin était l’invitée de Démocratie Ouverte sur le thème « Comment faire gagner la démocratie en 2022 ? ».

L’occasion de parler de l’Assemblée locale délibérative que nous mettons en place dans la deuxième circonscription de Paris et des premières semaines de campagne à la rencontre des habitantes et des habitants en vue des élections législatives de juin 2022.

Bonjour à toutes et à tous, merci de l’invitation.

Et voilà, on se retrouve un peu en famille de celles et ceux qui rament pour essayer de réparer la démocratie et plutôt que de la réparer, c’est peut-être se dire on l’a un peu abandonnée pendant beaucoup trop longtemps.

Elle est un peu arrivée à bout de souffle.

Et donc, comment est-ce qu’on va construire l’évolution de cette démocratie en partant d’un éprouvé extrêmement pauvre, puisqu’on a peu eu l’occasion d’avoir ce sentiment d’être actrices et acteurs de notre destinée commune.

Tous nos processus démocratiques que ce soit à l’école, l’élection des délégués, je suis sûre qu’il y a beaucoup d’entre vous qui ont été traumatisés par cette élection, mais aussi les associations, toutes les procédures de désignation, de choix des personnes qui vont être au service du collectif.

Et dans le champ politique aujourd’hui, c’est extrêmement compliqué.

Je pense qu’Axel c’était bien que tu parles de #METOO et je pense que c’est important de dire que ce sont aussi des vrais freins et des vrais obstacles pour les femmes dans l’engagement politique, dans l’engagement au service de la société, mais pas que.

Je pense qu’on peut aussi penser aux témoins de ces violences sexistes et sexuelles et de cette incapacité à y faire fin.

Et donc, si aujourd’hui, après avoir été dans un parti politique, puis, après, avoir contribué à l’expérimentation #MAVOIX, puis après avoir cheminé auprès de 60 femmes de la société civile qui souhaitent un retour vers le champ politique institutionnel, j’ai décidé donc, après tout ce chemin, d’être candidate aux législatives dans la deuxième circonscription de Paris, c’est le 5e, 6e et 7e arrondissements. Et la proposition politique que je porte, c’est trois piliers différents.

Le premier, c’est une méthode, une procédure. C’est créer une assemblée locale délibérative qui œuvrerait tout au long des cinq ans du mandat. Et donc, l’idée, c’est de moins faire de l’occasionnel, mais tout au long du mandat, comment est-ce qu’on va intégrer les citoyennes et les citoyens dans la délibération sur les lois ?

Et donc là, au lieu de faire cette promesse pour après l’élection, on va la prototyper tout au long de la campagne. Une fois par mois, on a déjà lancé l’assemblée locale délibérative. On se retrouve. Là, on est dans une phase d’auditions, d’évaluation de ce qui existe aujourd’hui. Demain, on choisira des ingrédients.

Et ensuite on testera et on documente au fur et à mesure, parce que l’idée, c’est d’avoir un livrable à la fin, qu’on puisse partager avec d’autres nouveaux visages qui entreront en juillet 2022 dans l’Assemblée nationale et que ce soit utile à d’autres.

Ça, c’est le premier pilier.

On a un deuxième pilier : je ne me présente pas dans le cadre d’un parti politique.

Cette proposition, elle a besoin d’être libre pour être aussi authentique et être portée sur le terrain.

Et donc, du coup, comme on n’a pas de programme politique à suivre, eh bien, on a choisi une boussole commune, notre troisième pilier. Comment est-ce qu’on va travailler ensemble d’où que les personnes viennent ?

On travaille sur les engagements. Ce n’est pas très punk, c’est assez légitimiste.

Les grands engagements de la France à l’international, et donc, c’est sur principalement deux textes : l’accord de Paris et les objectifs de développement durable (ODD), qui sont en fait un très, très beau texte politique et qui émane d’une forme de gouvernance.

Tu parlais de l’international tout à l’heure. Voilà une table des décisions commune, où la société civile s’est fait entendre. Les pays du Sud se sont fait entendre et il y a des feuilles de route.

On trouve que c’est un super matériau pour aller chercher les gens là où ils sont.

On dit qu’il ne faut pas rester entre soi et sur le contexte politique, que soit sur le climat, mais aussi sur des combats comme les violences sexuelles aujourd’hui, aujourd’hui, qui pourrait voter pour ces violences-là ?

Personne en fait.

Comment est-ce qu’on va aller chercher les gens là où ils en sont, sans a priori partisans, et travailler une feuille de route ? Dans plein d’autres pays, cette feuille de route 2030 des ODD, elle est incarnée, elle est portée politiquement.

Je ne sais pas pourquoi la France fait exception à ça.

Mais nous, on se dit que ça peut être un super matériau pour réunir les gens et travailler plutôt le « où est ce qu’on va ensemble ? » Redescendre un peu aussi des émotions.

On est tous là sur le terrain.

Les émotions sont très là et c’est normal.

On a enchaîné cinq années extrêmement difficiles entre les attentats, toutes les crises.

On est tous très marqués.

Et du coup, comment est-ce qu’on se raccroche aussi, non pas à de l’émotion de la peur, mais à des chiffres, à une feuille de route ? Il y a un plan, c’est déjà écrit, en plus, ça a été négocié. C’est parfait, imparfait, en tout cas, c’est le fruit d’une gouvernance et c’est le fruit qui peut nous aider à dire c’est bon maintenant, passons dans la mise en œuvre, passons dans l’investissement budgétaire.

On en est là. On doit aller là.

Et tout ça, c’est de l’argent, ce sont des politiques publiques.

Et peut-être que ça peut aider à clarifier, à mieux lire pour les citoyens et citoyennes que nous sommes, à mieux lire la mise en œuvre de ces politiques publiques.

On est partis effectivement sur le terrain, voici un mois, avec 20.000 tracts à distribuer, c’est un grand bonheur d’abord de repartir sur le terrain et une prise en main. Notamment, on est beaucoup devant les facs, c’est une circonscription géniale, il y a toutes les facs possibles et imaginables la Sorbonne, Sciences-Po, Jussieu, l’EHESS bref voilà et là, ça fonctionne très bien.

Les jeunes sont là : « Ah ben oui, bien sûr ». L’évolution de la démocratie, ça leur parle directement. Il n’y a pas besoin même d’expliquer. C’est fluide, c’est une sorte d’évidence pour eux. Le petit problème, c’est le passage à l’acte ensuite.

Entre : bien, oui, c’est évident. Mais oui, mais ça ne se fera pas tout seul, ça se construit et ça ne se construira pas sans vous, sans nous.

C’est bien le militantisme Instagram, machin j’étais en manif, et tout.

Mais concrètement, en fait, la démocratie, il faut en prendre soin et en prendre soin, c’est lui accorder du temps et de l’énergie et du terrain et du prototypage.

Après, sur les publics plus aînés, parfois, c’est plus compliqué.

« Comment ça, non mais attendez, vous êtes de quel clan ? Vous êtes rattachée à quel parti? Il n’y a pas de parti ? C’est suspect. Et la démocratie délibérative ? »

Ils sont d’accord sur le constat que ça ne marche pas, mais, en revanche, l’inconnu, et bien l’inconnu fait vachement peur, donc on cherche des repères qui sont déjà connus.

Mais, la démocratie, c’est aussi comme un bateau. Il y a les traces du bateau et puis devant, il n’y a rien du tout. Et bien peut être que c’est aussi ça notre travail, c’est d’avancer un peu dans l’inconnu, sans forcément de repères.

Mais c’est dire « si ça ne fonctionne pas, inventons autre chose ».