Tout comprendre : les marges de manoeuvre d’une députée à l’Assemblée nationale

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Tout comprendre au mandat de députée

Dans cette vidéo, Quitterie de Villepin et Delphine Bagarry, députée de Alpes de Haute Provence discutent des marges de manoeuvre d’une députée pour exercer son mandat à l’Assemblée nationale. Un sujet essentiel pour renouer le lien entre la population et les parlementaires en partant du réel.

Avec toujours une question centrale : comment prendre soin de la démocratie et renouer le lien entre les citoyennes et les citoyens et la politique.

Quitterie de Villepin : Delphine, tu l’as dit aujourd’hui, je crois que c’est environ 90% des lois votées au Parlement qui proviennent du gouvernement, donc ça s’appelle des projets de loi. Et seuls 10% sont des propositions de loi initiées par des parlementaires.

Sachant ça, quels sont les endroits en tant que députée où tu sens qu’il y a de la marge de manœuvre, tu sens que vraiment, il y a des choses à explorer qui ne sont peut-être pas assez exploitées aujourd’hui ? Comment, dans ce contexte-là, de poids immense de l’offre gouvernementale ? Comment tu vois les choses ?

Delphine Bagarry : Alors, comment je voyais les choses ? Il y a plusieurs sujets. Il y a des sujets qui sont extrêmement politiques, avec des orientations politiques qui sont très différentes. Et là sur ces sujets politiques, quand un groupe, quand un groupe décide de le mener dans sa journée d’initiative parlementaire, qu’on appelle une niche, sur des sujets très politiques et qui vont être clivants, on sait très bien comment va, quel sort va être donné à une proposition de loi.

On va dire, le groupe majoritaire en général ne met dans sa niche que des propositions de loi dont on sait qu’elles sont approuvées par le gouvernement.

En gros, c’est ça, les groupes qui sont minoritaires ou les groupes d’opposition, soit veulent porter des sujets extrêmement politiques, et là, on sait que ça ne sera pas accepté. Ou alors faut être très très amis avec les ministres mais parce que parce que c’est politique et c’est normal.

Et ça, je ne conteste pas ça. Et puis, il y a des sujets qui sont consensuels, des sujets qui sont consensuels quand on travaille notamment aux affaires culturelles et à l’éducation, par exemple.

En ce moment est examiné dans l’hémicycle une proposition de loi visant à lutter plus efficacement contre le harcèlement scolaire. Il se trouve que dans cette proposition de loi, une proposition d’un député, un député MoDem qui est Mr.Balanant, il y a trois dispositions.

Les trois premiers articles sont extrêmement consensuels, c’est, on met plus de moyens, on met le harcèlement scolaire dans le projet d’établissement. Tout ça, on sait que ça va être voté par tout le monde et de fait, ça a été voté par tout le monde, pas tous les groupes.

Ce sont des sujets extrêmement consensuels.

En revanche, il y a les trois derniers articles qui font polémique parce que là, on a des divergences de vues et divergences d’interprétation, mais parce qu’on a aussi des sources d’inspiration différentes.

Et ces trois derniers articles, là, il va y avoir des débats, des problèmes, un petit peu, politiques qui vont faire qu’on ne va pas le voter. Du coup, là, effectivement, il savait que ce projet de loi marcherait, enfin, que cette proposition de loi pourrait être votée conforme sur les trois premiers articles.

Pour le reste, c’est un peu plus compliqué.

Les marges de manœuvre, j’allais dire soit on travaille, on peut travailler avec le ministre, avec le cabinet des ministres, avec des collaborateurs, les ministres ont des collaborateurs parlementaires, c’est à dire des collaborateurs qui font le lien entre les parlementaires et le ministre et son cabinet.

On peut travailler de façon conjointe et co-construire quand même, y compris quand on est dans l’opposition des dispositions qui vont pouvoir changer par voie d’amendement, qui vont pouvoir changer un petit peu le texte.

Cela reste extrêmement, on va dire, limité pour quelqu’un qui est dans l’opposition. Il ne faut pas se leurrer, ce sont des sujets politiques et donc… Il faut dire que la majorité n’aime pas non plus montrer qu’il peut y avoir des victoires de l’opposition, même s’ils ont raison.

Et c’est tout ça qu’il faut savoir appréhender, qu’on apprend au fur et à mesure. Évidemment, il n’y a aucune formation pour ça et qu’il faut pouvoir, on va dire.

Vivre et faire le mieux possible pour qu’on ne soit pas frustré et pour qu’on puisse au mieux défendre de toute façon l’intérêt général, parce qu’en revanche, la chose dont je peux vous assurer, c’est que tous les députés sont de bonne foi.

Tous les députés veulent défendre l’intérêt général et ça, c’est incroyable.

Enfin, incroyable, c’est le fait de tout élu, je pense, quel que soit son bord politique, même si on a des points de vue différents.

Il y a quand même sur cette bienveillance vis à vis de l’intérêt général qui est toujours mise en avant.

Et ça, c’est quand même quelque chose de plutôt enthousiasmant.